Cystite aiguë et cancer urogénital : risque multiplié par environ 30 selon une étude suédoise

Contexte et portée de l’étude
On estime qu’environ 10% des femmes connaissent au moins un épisode de cystite par an, une information reprise dans les données examinées par les chercheurs.
Risque associé après une cystite aiguë
Selon une étude suédoise publiée le 16 septembre dans le British Medical Journal (BMJ), la cystite aiguë pourrait agir comme un signe précurseur de cancers de la sphère urogénitale. Les auteurs indiquent qu’environ une personne sur dix diagnostiquée d’un cancer de la prostate ou de la vessie aurait eu une infection urinaire avant le diagnostic.
Pour établir ces résultats, les chercheurs ont exploité les informations de santé de près de 3,6 millions de résidents suédois sur une période allant de 1997 à 2018. Parmi eux, près de 260 000 ont reçu un diagnostic de cancer urogénital et 600 000 ont présenté une cystite aiguë pendant un suivi moyen de 15 ans.
Les observations montrent que le risque de cancer de la vessie est d’environ 3,5 fois plus élevé chez les hommes et d’un peu plus de 3 fois chez les femmes ayant connu une cystite, par rapport à ceux et celles qui n’ont pas été infectés durant la période d’observation. Concernant le cancer de la prostate, le risque serait multiplié par environ seven lorsque la cystite survient.
Risque particulièrement marqué dans les mois qui suivent
Un autre constat met en évidence que le risque global de cancer urogénital est particulièrement élevé au cours des trois mois suivant un épisode de cystite aiguë: environ 34 fois plus élevé chez les hommes et 30 fois chez les femmes, par rapport au risque sans infection préalable. Si ce pic diminue avec le temps, il ne disparaît pas totalement pour les deux sexes.
Interprétation et limites
Les chercheurs précisent que l’étude ne démontre pas une relation de cause à effet entre cystite aiguë et une augmentation du risque de cancer, ni les mécanismes précis qui pourraient expliquer ce lien éventuel. Ils avancent toutefois une hypothèse: il est plausible que le cancer urogénital et éventuellement des lésions précancéreuses des organes urogénitaux puissent influencer le risque de cystite en raison d’altérations des voies urinaires et du système immunitaire.
La cystite, une infection relativement fréquente et généralement bénigne
La cystite est une inflammation locale de la vessie, le plus souvent d’origine bactérienne et fréquemment due à Escherichia coli, mais elle peut aussi être associée à des traitements comme la chimiothérapie ou la radiothérapie. Elle touche davantage les femmes, en raison d’une proximité anatomique entre l’urètre et l’anus qui facilite le passage de pathogènes. Les symptômes typiques incluent une brûlure lors de la miction, un besoin urinaire fréquent et des douleurs dans le bas-ventre. Bien que généralement non grave, elle peut comporter des complications chez les personnes à risque (diabète, grossesse, etc.). Le traitement repose principalement sur des antibiotiques.