Incursions russes et drones en Pologne : les missions AWACS de l’OTAN renforcent la vigilance à l’est
Contexte et surveillance renforcée à l’est de l’OTAN
Au-dessus du nord-est de la Pologne, à environ 10 000 mètres d’altitude, des officiers de l’armées de l’air de plusieurs pays membres de l’OTAN restaient collés à leurs écrans pour déceler d’éventuels avions russes.
Incursion en Estonie et intensification des tensions
La tension s’est manifestée lorsque deux chasseurs russes ont pénétré dans l’espace aérien estonien pendant environ 12 minutes, ce qui a obligé l’OTAN à dépêcher des chasseurs pour intercepter les intrus. Dans le même laps de temps, au-dessus de la Pologne, l’équipage d’un avion AWACS de reconnaissance de l’OTAN venait de quitter une base en Allemagne et restait en alerte.
Un officier, le lieutenant-colonel allemand, a déclaré que l’objectif était de détecter toute menace aérienne le plus rapidement possible afin de laisser le commandement disposer de davantage de temps pour décider d’une éventuelle réponse.
La mission vise à délivrer une alerte rapide afin d’offrir ce temps de décision indispensable, précisent les responsables.
Cette intrusion est la dernière d’une série qui a accru les tensions près des frontières de l’OTAN en moins de deux semaines.
EN RÉALITÉ, TOUT PEUT ARRIVER
Dans la nuit du 9 au 10 septembre, des drones russes ont été abattus au-dessus de la Pologne par des avions de l’OTAN, marquant une première pour l’alliance depuis sa création en 1949. En réponse, l’OTAN a lancé la mission Eastern Sentry (sentinelle orientale) pour renforcer la défense du flanc est, déjà fortifié depuis l’invasion russe de l’Ukraine en février 2022.
Le pilote principal belge, capitaine-commandant Joel, rappelle que les missions polonaises existent depuis plusieurs années pour protéger les États membres. Il indique que l’événement récent rappelle que tout peut arriver, et que les vols en Pologne visent à observer et à garantir la sécurité du ciel de l’alliance.
Les yeux dans le ciel : le rôle des AWACS
Rôle et capacités du système de surveillance
Ce vol d’environ huit heures au-dessus du territoire polonais était le premier d’un des 14 avions AWACS de l’OTAN dans le cadre de la mission Eastern Sentry. Le radar installé au-dessus de l’appareil – surnommé « les yeux dans le ciel » – offre une couverture d’environ 500 kilomètres, permettant de surveiller les environs de Kaliningrad et de la Biélorussie.
L’officier belge précise que, plus l’altitude est élevée, plus la vue est étendue, ce qui confère des capacités supérieures à celles des systèmes au sol. Aaron Peace, opérateur de surveillance américain, indique qu’il faut moins de 30 secondes pour déterminer si un écho radar inconnu peut constituer une menace et, le cas échéant, transmettre l’alerte aux commandants au sol pour décider de la suite. Grâce à l’AWACS et à d’autres sources, l’OTAN affirme disposer d’une image claire de la situation dans l’est.
Le défi des drones et les limites des capteurs
Les drones à faible coût, devenus omniprésents dans le conflit en Ukraine et qui ont franchi la frontière polonaise, posent des défis spécifiques. Le sergent-major Aaron Peace note que ces vecteurs volent différemment des avions traditionnels : les AWACS sont conçus pour suivre des cibles plus hautes et plus rapides, ce qui rend le suivi et l’identification des petits objets plus délicats. Néanmoins, ces éléments restent visibles.
La question demeure sur la capacité à faire face à des vagues potentiellement massives de drones. Un responsable de l’OTAN, qui a souhaité rester anonyme, souligne que la meilleure réponse n’est pas nécessairement un missile coûteux tiré d’un avion cher et que l’alliance recherche des approches novatrices et rentables pour contrer la menace.
En définitive, ces échanges illustrent l’effort constant de l’OTAN pour renforcer sa vigilance et ses capacités dans la région est, tout en explorant des solutions plus efficaces et économiques face à des technologies en rapide évolution.